
INSTRUCTION au Lecteur sur le sujet de ce Livre & sur la querelle présente des Médecins.
ON vivait assez en repos depuis quinze ou seize ans dans la faculté de Médecine de Paris sur le sujet de l’Antimoine, qui durant un longtemps avait partagé les esprits, & désuni les cœurs, quand Monsieur Blondel est venu nous ôter cette tranquillité qu’il n’avait soufferte durant plusieurs années, que parce qu’il n’avait pu trouver les moyens de la troubler...
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Nous ne pommes donc pas les destructeurs de la Médecine & l’on ne doit pas appréhender qu’elle périsse dans nos mains, mais il y a un très juste sujet de craindre que la Faculté ne soit dans peu de temps, détruite par les brouilleries & les divisions dangereuses que Monsieur Blondel y cause, car au lieu que tous les Docteurs devraient s’unir contre lui, comme contre un ennemi commun qui trouble notre repos, il s’est fait trois partis, l’un de ceux qui favorisent Monsieur Blondel dans son intervention qui sont en petit nombre & qui diminuent tous les jours, parce qu’ils reconnaissent qu’on les a surpris, & qu’ils ne croyaient pas que la chose fût de si grande conséquence. L’autre de ceux qui s’opposent à Monsieur Blondel, & qui veulent empêcher la ruine de la compagnie qu’il tâche de renverser ; Le troisième de ceux qui pour paraître plus sages que les autres ne prennent aucun parti & reviennent point aux assemblées. Qu’arrivera-t-il dans la suite. Ceux qui s’opposent à Monsieur Blondel se lasseront d’essuyer ses chicanes, & abandonneront le tout pour vivre en repos. Cet événement ne lui déplaira pas, le cœur lui tressaillira de joie, quand il verra que toutes choses s’y acheminent. & comme autrefois il venait tous les jours de la porte saint Denis à nos Ecoles pour enseigner un seul Ecolier. Il fera souvent le même chemin pour tenir des assemblées, & faire d’admirables décrets dont il fera le Maître, parce qu’il sera presque tout seul.
Ce n’est pas pour faire tort à la compagnie que je publie ceci. Au contraire c’est pour l’exciter à reprendre son lustre, c’est pour réveiller ceux qui sont assoupis dans leur indifférence, c’est pour les avertir que les Médecins Etrangers triomphent de nos désordres, ne pouvant d’eux mêmes nous donner aucune atteinte ; ils voient avec plaisir que nous procurons notre perte. Aussi j’espère que tous ces Messieurs y feront réflexion & pour terminer nos maux, ils s’uniront pour en extirper la racine, après quoi nous pourrons vivre les uns avec les autres dans une heureuse tranquillité, nous pourrons convenir entre nous de ce qu’on devra mettre dans nos Thèses & enseigner dans nos Ecoles, en telle sorte que les Docteurs aient une liberté honnête de dire leurs sentiments, & ne prennent pas aussi un effort qui pourrait les égarer.
C’est à ce dessein que j’ai fait cet avis au Lecteur qui pour être trop long ne sera peut-être pas trop ennuyeux. Je le finis par le témoignage de reconnaissance que je dois à Monsieur Martel Maître Apothicaire à Paris, & très bon Artiste en Pharmacie en Chimie. C’est lui qui m’a fait un grand nombre d’opérations dont j’ai eu besoin pour m’éclaircir de mes doutes, & pour ne rien avancer que je n’eusse vu moi-même.
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